Les programmes de pleine conscience répondent à la crise de santé mentale des adolescents

Idées Maladie & Soins

Coup de projecteur sur deux programmes offrant différentes approches de la formation à la pleine conscience dans un contexte de crise de santé mentale croissante

Je discutais récemment de santé mentale avec un groupe d'élèves de septième lorsqu'un élève a dit quelque chose qui m'a arrêté l'esprit. "Lorsque nous avons un problème, au lieu de faire un pas en avant physique, nous devons parfois prendre du recul mental", a-t-elle déclaré lors d'une leçon de notre programme de santé et de bien-être. C'était une déclaration remarquablement perspicace, mais je n'aurais peut-être pas dû être surpris. En tant que professeur d'éducation physique et directeur de la pleine conscience à l'école où j'enseigne, j'entends souvent des élèves faire des déclarations perspicaces. Cette classe avait été particulièrement animée et engagée alors que nous discutions des nombreux obstacles à leur bien-être - un sujet familier pour un groupe d'adolescents vivant la crise de santé mentale souvent décrite.

Comme l'a récemment souligné l'attention des médias, les jeunes souffrent et, à une époque d'abondance relative, on ne sait pas très bien quelle en est la cause profonde.

Selon de nombreux paramètres, il semblerait que les adolescents américains modernes prospèrent. Comme la psychologue Candice Odgers l'a raconté dans un article du New York Times sur la crise de la santé mentale, « les jeunes sont plus instruits ; moins susceptibles de tomber enceinte, de consommer de la drogue ; moins susceptibles de mourir d'un accident ou d'une blessure… Mais il y a ces tendances vraiment importantes dans l'anxiété, la dépression et le suicide qui nous arrêtent dans notre élan." Bien qu'il n'y ait pas une seule explication à cette dissonance, le bouddhisme peut offrir une lentille utile. Dukkha, souvent traduit par souffrance ou insatisfaction, n'est pas quelque chose qui afflige la population de manière sélective. C'est plutôt une condition de l'attachement qui survient lorsque nous construisons un ego qui évite et aspire à des stimuli. Peut-être que dans notre société de plus en plus connectée, aisée et axée sur l'identité, cet attachement et la souffrance qui en résulte sont quelque chose de plus prononcé pour les adolescents qu'ils ne l'ont jamais été auparavant.

Naomi Corlette, une adolescente qui a accepté d'être interviewée pour cette pièce, a identifié un certain nombre de causes potentielles de détresse, notamment une augmentation de l'utilisation de la technologie, une diminution de l'interaction humaine et une inquiétude pour l'avenir du monde.

"Beaucoup d'entre nous ont la chance de voir nos besoins matériels satisfaits d'une manière qu'ils n'auraient pas été dans le passé, mais cela nous laisse la possibilité de nous concentrer sur des problèmes plus abstraits auxquels les humains ne sont pas nécessairement préparés à faire face, " dit Corlette. "Tout cela peut causer beaucoup de stress et de désespoir, ce qui est particulièrement difficile pour les jeunes."

Bien sûr, l'adolescence est aussi celle où l'on est confronté pour la première fois aux multiples problèmes et incertitudes posés par la société, et l'air du temps actuel offre de nombreuses opportunités d'être déclenché et défié. Je me souviens avoir été moi-même un adolescent angoissé et totalement insatisfait des dogmes et des diversions proposés. La pratique de la pleine conscience était une façon de travailler avec les sables mouvants de mon évolution personnelle ainsi que l'évolution des temps.

Corlette fait partie du comité consultatif des jeunes pour Inward Bound Mindfulness Education (également connu sous le nom d'iBme), une organisation qui propose des retraites de pleine conscience pour les adolescents. L'accent mis sur des expériences approfondies à iBme est une approche pour aider les adolescents à travailler avec leur esprit et à affronter certaines souffrances. Une autre organisation (et celle qui a aidé à établir mon poste de directrice de la pleine conscience dans l'école où j'enseigne), appelée WholeSchool Mindfulness (WSM), fait le contraire. Il cherche à rendre la pleine conscience aussi facilement accessible que l'éducation physique. Les deux approches peuvent être utiles pour soutenir les adolescents pendant une période de leur vie où la souffrance est particulièrement aiguë.

Quelqu'un qui peut vraiment parler de la valeur des deux approches est Ben Painter, un partenaire de WholeSchool Mindfulness qui, soit dit en passant, a assisté à de nombreuses retraites iBme à l'adolescence. L'une de ses convictions profondes maintenant, en tant qu'adulte aidant les adolescents, est que les adolescents ont besoin d'outils pour résister à l'économie de l'attention.

"Compte tenu de ce à quoi cette génération de jeunes est confrontée, je pense que ce serait une réponse très sage si la pleine conscience et ces pratiques contemplatives consistant à entrer en contact avec vous-même et votre expérience et à acquérir une certaine autonomie sur votre propre attention étaient simplement considérées comme faisant partie intégrante. partie de ce que signifie être éduqué », m'a dit Painter.

À cette fin, il pense que l'un des meilleurs attributs du modèle WSM est le nombre d'étudiants qu'il peut atteindre. "Nous essayons de légitimer ce modèle de directeur de la pleine conscience dans les écoles et de le rendre largement et largement accessible aux élèves américains de l'enseignement public", a déclaré Painter. "Pour moi, c'est passionnant. C'est à plus grande échelle."

Pourtant, Painter reconnaît la force d'une approche qui fonctionne à plus petite échelle mais offre une expérience plus intensive. Il a cité les relations formées lors des retraites iBme comme une raison importante pour laquelle il a pu retirer sa pratique du coussin et sortir dans le monde. Cette influence des pairs est quelque chose que je vois souvent dans mon enseignement - peu importe à quel point je pourrais suggérer des pratiques de pleine conscience pour aider les étudiants à gérer leurs assiettes pleines et leurs esprits débordés, entendre parler de ses avantages par ses pairs est beaucoup plus puissant.

"C'est une culture magique", a convenu Tonya Jones, qui supervise la stratégie de programme, l'équité et l'engagement communautaire d'iBme. "Il y a quelque chose qui se passe pendant la retraite qui aide vraiment à cultiver un environnement pour le partage entre pairs, pour être vulnérable d'une manière qui semble juste couler de manière organique. Il y a un bon équilibre entre le temps de contemplation pour soi, mais aussi le temps pour la communauté construire et partager et juste se présenter et être des adolescents.

En plus de fournir des moments de véritable perspicacité, de communauté et de connexion, iBme garantit également qu'un soutien est disponible pour les adolescents qui peuvent avoir des problèmes de santé mentale. Elle note le ratio 3:1 adolescents/personnel, ainsi que la présence d'un coordonnateur en santé mentale et d'un coordonnateur en santé à chaque retraite. La direction du programme reste cependant entre les mains des adolescents eux-mêmes. "Ce qui est unique dans notre approche, c'est le centrage des voix et de la sagesse des jeunes", a déclaré Jones. "Tout le monde peut y assister, ils n'ont pas à changer ou à faire quoi que ce soit ou à se présenter d'une manière différente." Le fait qu'ils puissent se présenter et être pleinement eux-mêmes est l'un des commentaires positifs les plus courants que l'organisation reçoit.

Lorsque j'ai demandé à Painter si une approche pouvait être plus puissante que l'autre - le large filet que WSM jette en intégrant la pleine conscience dans le système scolaire par rapport au filet profond qu'iBme jette en facilitant les retraites - il a souligné qu'il s'agissait d'une fausse dichotomie. "Ils jouent chacun un rôle particulier dans l'écosystème de l'introduction des pratiques de pleine conscience chez les jeunes. Lorsque les élèves découvrent la pleine conscience dans une école parce qu'ils ont un directeur de la pleine conscience, il devrait y avoir une opportunité d'aller en profondeur, de participer. Je pense ils sont complémentaires."

Selon une méta-analyse de onze études de 2015, les interventions basées sur la pleine conscience étaient plus efficaces que les témoins pour améliorer les symptômes de santé mentale chez les enfants et les adolescents. Bien sûr, comme je l'ai vu dans ma propre mise en œuvre de stratégies de pleine conscience en tant que directeur de la pleine conscience, une pratique n'est efficace que si elle est adoptée. Pour les adolescents en particulier, il est donc essentiel que la pleine conscience ne soit pas simplement associée au fait de rester assis ou d'atténuer les symptômes négatifs. C'est pourquoi j'introduis souvent la pratique de la pleine conscience avec des jeux et des défis qui mettent l'accent sur l'attention et la conscience. Les adolescents ne sont rien sinon avertis, et leur demander de s'asseoir et de se taire tout en restant pourrait être le premier pas vers leur aliénation.

"Je pense qu'il est important de souligner que la pleine conscience peut être pratiquée de différentes manières", a souligné Corlette, notant le potentiel de courtes pratiques, de méditations guidées, de journalisation, de marche ou de mouvement pour cultiver l'amour, le jeu et la joie. "Si nous pouvons apprendre à nous traiter les uns les autres avec plus de conscience dans notre vie quotidienne, cela peut grandement améliorer la vie des adolescents."

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